lundi, janvier 01, 2007

La naissance d'Abel

Mon petit Abel ton histoire a commencé bien avant ta naissance.
Maman était très triste car depuis longtemps elle souhaitait que tu t’installe dans son ventre mais suite à une grossesse extra-utérine, la machine s’est arrêtée de fonctionner. Nous avons même dû aller voir un docteur pour qu’il investigue la chose un peu plus sérieusement. Mais, exactement 9 mois après de cet événement, tu as décidé de faire ton nid de la façon la plus naturelle au monde. Quelle ne fût notre joie en voyant ce joli positif sur le test de grossesse, qui était le premier signe de ta venue…
Je t’ai vu grandir semaine après semaine, mois après mois et je t’imaginais déjà tantôt brun avec des yeux brun comme papa, tantôt blond avec des yeux verts comme maman. J’imaginais ton caractère, tes sourires, tes pleurs, tes coquineries et j’espérais déjà ton bonheur !
Mon boulot était très prenant et ta soeur Esther demandait aussi beaucoup d’attention, j’avais beaucoup moins de temps à consacrer à ton attente que pour Esther, mais je te caressais pratiquement en continu car cela je pouvais le faire en toute circonstance… Tu répondais à mes « appels » par un travail intensif de coup de pieds et cela nous rapprochait encore dans cette relation de corps à corps.
Et pourtant je continuais à me poser toujours la même question et bassiner papa avec: est-il possible de t’aimer aussi fort que je j’aime déjà Esther un amour si fort n’est-il pas exclusif ?

Ce qui je ne savais pas à l’époque c’est que cet amour qu’on éprouve envers nos enfants peut se partager à l’infini sans perdre une once de sa force.
Le mois de décembre arrivait sans crier gare et chaque préparatif pour attendre le père Noël, était pour moi un pas en avant pour te découvrir enfin.

En effet, nous t’attendions pour le 31 décembre mais quelques fausses alertes et des contractions précoces nous faisaient entendre que tu arriverais peut-être avec un peu d’avance. Mais c’était sans compter avec mon utérus en béton qui ne fait pas de demi-boulot…

La dernière semaine du mois de décembre était déjà un vrai supplice pour moi. Moi avec un gros ventre et ma petite fille, Esther, qui voulait sans arrêt jouer au playmobil « Mais maman assieds-toi par terre ! »…

Heureusement, que ta grand-maman (nagymama) était là pour nous seconder ainsi que ton papa qui a pu prendre quelques jours de congé.

A 20h le 31 décembre, nous prenions notre dîner et nagypapa (le papa de ta maman) nous téléphonait pour prendre des nouvelles. Je lui ai annoncé, que vu la façon dont les choses se déroulaient, tu resteras bien au chaud jusqu’en 2008.

A 20h30 toujours pendant le dîner, ta petite sœur a eu comme une absence (ça me fiche la trouille encore en pensant à son regard). Elle regardait devant elle et bien qu’on lui adressait la parole elle ne clignait plus ses yeux et son visage avait une expression étrange. A ce moment j’ai dit à ton papa : Esther sent quelque chose.
J’ai d’ailleurs le ventre qui tire un petit peu. Je me suis mise à faire quelques exercices que la sage-femme m’a conseillés sans toutefois croire au fait que ce soit du vrai travail. Nous avons même une vidéo ou Esther fait ces exercices avec moi.
J’ai finalement couché Esther et raconté l’histoire du soir comme à l’accoutumée.

A 21h : douleurs légères toutes les minutes. Ton papa me convainc d’appeler l’hôpital. J’ose le faire à peine car je suis sure que ce n’est pas encore l’heure. Ce qui m’a décidé de téléphoner finalement, c’était la peur que les gens commencent à jeter des pétards par la fenêtre si on doit aller se faire contrôler vers minuit.
Au téléphone la sage-femme me dit : « Vous devriez venir vite car à mon avis vous êtes en train d’accoucher »… Sur ce, j’ai eu un petit fou-rire… qui s’est arrêté très net car j’ai eu l’impression de perdre les eaux (plus tard on a su que ce n’était pas ça.)
Nous avons en vitesse jeté encore quelques objets dans la valise et laissé nagymama à la maison en lui disant qu’elle nous attende avec le repas de nouvel an car on sera sûrement de retour dans une heure.

21h30 : Arrivée au CHUV. La sage-femme, adorable, nous attend et nous confirme que nous ne ressortirons pas sans un bébé dans les bras. Je reste sceptique.

21h45 : Je n’en peux plus de la douleur. C’est une horreur. La sage-femme a raison. Le travail a bel et bien démarrer et pas qu’un peu.

22h : La sage-femme préconise un bébé 2006 et je suis en train de perdre la raison.
23h : J’ai enfin la péridurale et du coup l’accouchement ralentit un peu. La sage-femme commence à avoir une fugacité étrange dans les yeux et nous dit que tu seras peut-être le premier bébé de l’année 2007. (Plus tard, on a appris qu’il y a une lutte sans merci parmi les sage-femme suisse pour faire naître le premier bébé de l’année.) Personnellement, ce genre d’argumentation me laissait parfaitement indifférente à ce moment-là.

1h du matin 1er janvier 2007, tu es en train de sortir mais la poche des eaux ne s’est toujours pas rompue.

1h14 tu es à moitié dehors toujours dans ta poche. La sage-femme décide de percer la poche.
1h16 : naissance d’Abel, Attila. La poche éclate et l’eau se déferle et tu glisse dehors dans ce vaste monde qu’il te faudra toute une vie pour le découvrir. Il y aura des bonheurs, des chagrins, des découvertes, des découragements, des succès et des peines mais maman et papa seront là pour t’épauler au mieux qu’ils peuvent.
Pour l’heure, tu es là et tu es beau et tu pleures car ce n’est pas si facile de faire ce pas sans possibilité de retour en arrière. Maman te prend dans ses bras et elle pleure aussi et papa pleure aussi. Après quelques mots tout le monde se calme et on te mesure et on te pèse et te voilà mon petit Abel dans un joli pyjama avec tes 3kg 570 et 51 cm de bonheur !